Synthèse de pôle
Problématique du recyclage du dioxyde de carbone
Objectifs de ce pôle :
- retenir le dioxyde de carbone et éviter son accumulation dans la cité
- réutiliser ce dioxyde de carbone pour des activités utiles à la cité pour éviter tout rejet de matières nocives ou de réactifs non consommés à l'extérieur.
Sommaire :
méthode 1 : Le recyclage par utilisation des hydroxydes métalliques (Ca(OH)
2/NaOH/KOH/LiOH)
méthode 2 : Le recyclage par utilisation du dioxyde de potassium (KO
2)
méthode 3 : Le recyclage par voie biologique
méthode 4 : Le recyclage par hydrogénation
Méthode 1 :
Le recyclage par utilisation des hydroxydes métalliques Principe général - On utilise une des propriétés de l'ion hydroxyde :
2 HO⁻(aq) + CO2 (g) → CO3²⁻(aq) + H2O (l)
Autrement dit, dans une solution d'hydroxyde, le dioxyde de carbone forme des carbonates. Le dioxyde de carbone est donc retenu dans une solution sous forme d'un composé stable. Ce composé peut être réutilisé pour faire des composés carbonés et régénérer l'hydroxyde de départ.
Explications complémentaires - Dans le cas de l'hydroxyde de calcium (eau de chaux), on a précipitation de carbonate de calcium :
Ca(OH)2 (aq) + CO2 (g) → CaCO3 (s) + H2O (l)
- Dans le cas de l'hydroxyde de sodium (lessive de soude), on a formation d'hydrogénocarbonate de sodium et de carbonate de sodium :
2 NaOH (aq) + CO2 (g) → NaOH (aq) + NaHCO3 (aq) → Na2CO3 (aq) + H2O (l)
- Dans le cas de l'hydroxyde de potassium (potasse caustique), on a formation d'hydrogénocarbonate de potassium et de carbonate de potassium :
2 KOH (aq) + CO2 (g) → KOH (aq) + KHCO3 (aq) → K2CO3 (aq) + H2O (l)
- Dans le cas de l'hydroxyde de lithium (lithine), on a formation d'hydrogénocarbonate de lithium et de carbonate de lithium :
2 LiOH (aq) + CO2 (g) → LiOH (aq) + LiHCO3 (aq) → Li2CO3 (aq) + H2O (l)
- la réaction est exothermique : elle produit de la chaleur. On peut peut-être envisager la récupérer.
- la réaction est tellement rapide qu'il y a formation d'un vide partiel.
Seconde étape : production des réactifs- La production de l'hydroxyde de sodium se fait par l'électrolyse du chlorure de sodium formé, ou de l'eau de mer :
2 NaCl (aq) + 2 H2O (aq) → Cl2 (g) + 2 NaOH (aq) + H2 (g)
Mais il faut utiliser des compartiments électrolitiques séparés pour empêcher la formation d'hypochlorite de sodium (eau de Javel) :
Cl2 (g) + 2 NaOH (aq) → NaCl (aq) + NaClO (aq) + H2O (l)
tout en gardant un espace d'échange d'ions pour permettre la conduction du courant par la solution. Le procédé Castner-Kellner permet de contourner ce problème :
- Explication du procédé Castner-Kellner (cliquer pour ouvrir/fermer) :
Un procédé électrolytique intéressant qui peut être donné comme exemple supplémentaire est le procédé Castner-Kellner de fabrication du chlore et de l'hydroxyde de sodium. Si on électrolyse une saumure concentrée, le chlore se forme à l'anode et l'ion hydroxyde à la cathode :
réaction anodique (borne +) : 2 Cl⁻ (aq) → Cl2 (g) + 2 e⁻
réaction cathodique (borne -) : 2 H2O (l) + 2 e⁻ → H2 (g) + 2 HO⁻ (aq)
Si la saumure est électrolysée comme on vient de l'indiquer en employant des électrodes de graphite, l'alcali produit est mélangé dans la solution avec le sel non décomposé et il faut le séparer par cristallisation.
Cette complication est évitée dans le procédé Castner-Kellner qui utiliser une cuve d'ardoise divisé en trois compartiments par des séparations en ardoise n'allant pas jusqu'au fond de la cuve (voir figure). Une couche de mercure recouvre le fond. Une solution diluée de soude est placée dans le compartiment central et de la saumure dans les deux autres. La saumure subit l'électrolyse entre les anodes de graphite et le mercure qui sert de cathode. La réaction anodique conduisant au dichlore est celle écrite plus haut. La réaction cathodique est :
Na⁺ (aq) + e⁻ → Na (Hg)
(Na (Hg) désigne une solution de sodium dans le mercure, les alliages de mercure avec les autres métaux sont appelés amalgames).
Pendant l'électrolyse, la cuve est basculée, ce qui oblige l'amalgame à se déplacer d'un bout à l'autre de la cuve. L'amalgame réagit avec l'eau dans le compartiment central :
2 Na (Hg) + 2 H2O (l) → H2 (g) + 2 NaOH (aq)
De cette façons, on obtient une solution pure d'hydroxyde de sodium. Il est avantageux dans la pratique d'introduire des électrodes de fer dans le compartiment central et d'aider la réaction de décomposition de l'amalgame en appliquant un potentiel électrique, l'amalgame fonctionnant comme anode et l’électrode de fer comme cathode. Les réactions sont alors :
réaction anodique (borne +) : 2 Na (Hg) → 2 Na⁺ (aq) + 2 e⁻
réaction cathodique (borne -) : 2 H2O (l) + 2 e⁻ → H2 (g) + 2 HO⁻ (aq)
Troisième étape : recyclage des produits - On peut régénérer l'hydroxyde de sodium à partir du carbonate de sodium avec l'hydroxyde de calcium :
Na2CO3 (aq) + Ca(OH)2 (aq) → CaCO3 (s) + 2 NaOH (aq)
Mais cela revient à réutiliser du réactif pour en régénérer un autre, il faut donc trouver une autre solution.
- Le carbonate de sodium peut être décomposé par la chlorure de calcium :
Na2CO3 (aq) + CaCl2 (aq) → CaCO3 (s) + 2 NaCl (aq)
- La réaction inverse peut être avantageuse, c'est ce que fait le procédé Solvay pour produire le carbonate de sodium et le chlorure de calcium :
- Explication du procédé Solvay (cliquer pour ouvrir/fermer) :
- la calcination de la craie (
carbonate de calcium CaCO3) donne de l'oxyde de calcium (CaO) et du dioxyde de carbone (CO
2)
- le dioxyde de carbone barbote dans une solution aqueuse d'ammoniaque (NH
3 + H
2O) pour produire du carbonate d'ammonium ((NH
4)
2CO
3)
- on ajoute de l'eau salée (
chlorure de sodium NaCl) au carbonate d'ammonium, on obtient du chlorure d'ammonium (NH
4Cl) et de l'hydrogénocarbonate de sodium (HCO
3).
- le chlorure d'ammonium réagit avec l'oxyde de calcium précédemment produit du
chlorure de calcium (CaCl2) et permet de régénérer l'ammoniaque.
- la calcination de l'hydrogénocarbonate de sodium donne du
carbonate de sodium (Na2CO3) et redonne du dioxyde de carbone réutilisable pour fabriquer le carbonate d'ammonium.
Résultat de la réaction :
2 (Na⁺ (aq) + Cl⁻ (aq)) + CaCO3 (s) → (2 Na⁺ (aq) + CO3²⁻ (aq)) + (Ca²⁺ (aq) + 2 Cl⁻ (aq))
Méthode 2 :
Le recyclage par utilisation du dioxyde de potassium Présentation générale du composé - Le dioxyde de potassium, nommé aussi "superoxyde de potassium", est un solide jaune de formule KO
2.
- c'est un sel comprenant l'ion superoxyde O
2⁻ et en a toutes les propriétés, notamment celle de pouvoir facilement libérer du dioxygène.
- l'ion superoxyde est par nature instable en solution aqueuse, explicable par sa réaction de dismutation :
2 O2⁻ (aq) + 2 H⁺ (aq) → H2O2 (aq) + O2 (g)
mais il est relativement stable en milieu anhydre et en solution organique anhydre (éthanol absolu, cyclohexane, pétrole, ...)
- c'est un grand oxydant, un puissant comburant (il favorise l'inflammation) et un produit corrosif (du à sa réaction à l'eau)
Etape 1 : rétention du dioxyde de carbone- La réaction en milieu anhydre est la suivante :
4 KO2 (s) + 2 CO2 (g) → 2 K2CO3 (s) + 3 O2 (g)
- La réaction en milieu aqueux utilise en grande partie les propriétés des hydroxydes :
4 KO2 (s) + 2 H2O (l) → 4 KOH (s) + 3 O2 (g)
4 KOH (aq) + 2 CO2 (g) → 2 K2CO3 (s) + 2 H2O (l)
2 K2CO3 (s) + 2 CO2 (g) + 2 H2O (l) → 2 KHCO3 (s)
Etape 2 : production du superoxyde de potassium- le superoxyde de potassium est le produit de la combustion du potassium dans le dioxygène pur :
K (s) + O2 (g) → KO2 (s)
- le potassium sous fome métallique peut s'obtenir par électrolyse du chlorure de potassium fondu :
2 KCl (l) → 2 K (s) + Cl2 (s)
- le chlorure de potassium est extrait de la sylvine (chlorure de potassium impur) et peut s'extraire de l'eau de mer (le potassium est présent de l'ordre de 0.0102 mol.L⁻¹) par cristallisation fractionnée et séparation électrostatique.
Etape 3 : recyclage des produits- la carbonate de potassium se recycle comme le carbonate de sodium.
Méthode 3 :
Le recyclage par voie biologique Principe général - les organismes végétaux chlorophylliens utilise le principe de la photosynthèse pour produire leur matière organiques à partir du dioxyde de carbone. Ils utilisent pour cela un pigment vert, la chlorophylle.
Explication du phénomène de la fixation du carbone - la fixation du dioxyde de carbone par les plantes se produit lors de la phase sombre, qui ne nécessite pas de lumière, mais dépend de la phase lumineuse qui lui produit de l'énergie sous forme d'ATP (adénosine triphosphate) et des transporteurs d'électrons sous forme de NADPH (nicotanamine adénosine dinucléotide phosphate réduite)
- le cycle de Calvin est une suite de réaction qui revient à son point de départ en passant pas de nombreux intermédiaires. Il necessite de l'ATP et de la NADPH. Il renouvellent donc les accepteurs d'électrons utilisés dans la phase précédente.
- Schéma du cycle de Calvin (cliquer pour ouvrir/fermer) :
- la RuBisCO (ribulose 2,4-biphosphate carboxydase-oxydase) va introduire petit à petit le dioxyde de carbone dans le cycle de Calvin, ce qui va permette l'expulsion de molécules carbonées complexes du cycle sans le perturber. Après quelques modifications, on obtient du glucose.
- le glucose va être stockés en longues chaines : de l'amidon. Des enzymes vont se charger d'assembler le glucose comme pour les perles d'un collier.
- la réaction va régénérer les accepteurs d'électrons (NADP⁺) consommé lors de la phase lumineuse et de l'ADP (adénosine diphosphate) qui servira à la phase lumineuse pour refaire de l'ATP.
- la réaction de cette phase sera :
6 CO2 (g) + 24 H (NADPH) → C6H12O6 (aq) + 6 H2O (g)
Méthode 4 :
Le recyclage par hydrogénation Présentation générale des procédés - Le dioxyde de carbone est à l'état oxydée dans la molécule de dioxyde de carbone.
- Vers 650°C, un courant de vapeur d'eau sur du charbon chauffé forme du dioxyde de carbone et du dihydrogène :
C (s) + 2 H2O (g) → CO2 (g) + 2 H2 (g)
on peut donc imaginer effectuer la réaction inverse : hydrogéner le dioxyde de carbone pour obtenir du carbone, ou des hydrocarbures comme le méthane ou d'autres alcanes.
Procédé 1 : la réaction de Bosch - Cette réaction à pour but de retirer progressivement les atomes d'oxygène du dioxyde de carbone en formant de l'eau :
CO2 (g) + H2 (g) → CO (g) + H2O (l)
CO (g) + H2 (g) → C (s) + H2O (l)
Au total, on obtient du carbone sous forme de graphite par la réaction :
CO2 (g) + 2 H2 (g) → C (s) + 2 H2O (l)
- la réaction a lieu à haute température, entre 450°C et 600°C.
- la réaction peut être catalysée pour optimiser les rendements. On utilise pour cela du fer, du cobalt, du nickel ou encore du ruthénium.
Procédé 2 : la réaction de Sabatier - Cette réaction a été découverte par le chimiste français Paul Sabatier, prix Nobel de chimie en 1912.
- Cette réaction est plus aboutie que la réaction de Bosch, on a hydrogénation du carbone en méthane, le plus simple des alcanes :
CO2 (g) + 4 H2 (g) → CH4 (g) + 2 H2O (l)
- la réaction nécessite de hautes conditions de température et de pression mais aussi un catalyseur (nickel ou ruthénium/alumine)
Procédé 3 : le procédé Fischer-Tropsch - Cette réaction a été découverte en 1923 lors de la coopération du chimiste allemand Franz Fischer et du chimiste tchèque Hans Tropsch.
- Cette réaction utilise du monoxyde de carbone et permet la formation d'alcanes linéaires plus long que pour la réaction de Sabatier :
n CO (g) + (2n+1) H2 (g) → CnH2n+2 (g) + n H2O (l)
comme par exemple la formation de butane (n=4) :
4 CO (g) + 9 H2 (g) → C4H10 (g) + 4 H2O (l)
mais aussi d'autres hydrocarbures (des 1-alcènes notamment) et d'autres molécules organiques sous forme de traces : alcools primaires, aldéhydes, cétones, esters...
- elle se produit à hautes températures, sous de hautes pressions et en présence d'un catalyseur (fer, cobalt, ruthénium ou nickel, mais ce dernier à tendance à former uniquement du méthane)
Production des réactifs - le dihydrogène H
2 peut être produit par électrolyse de l'eau :
2 H2O (g) → 2 H2 (g) + O2 (g)
- mais il est aussi un produit de l'électrolyse du chlorure de sodium en solution aqueuse (notamment lors du procédé Castner-Kellner) :
2 NaCl (aq) + 2 H2O (aq) → Cl2 (g) + 2 NaOH (aq) + H2 (g)
- le monoxyde de carbone est produit par la réduction du dioxyde de carbone par le charbon très fortement chauffé :
CO2 (g) + C (s) → 2 CO (g)
- le monoxyde de carbone se forme aussi par réaction du carbone sur l'oxyde de calcium :
CaO (s) + 3 C (s) → CaC2 (s) + CO (g)
- Historique des mises à jour :
- 02/04/2011 (20:47) : mise en ligne de la synthèse
- 03/04/2011 (11:59) : création de la partie "Le recyclage par hydrogénation"
- 05/04/2011 (19:15) : création de l'onglet "Historique des mises à jours"